Sexting – lorsque trop de peau dénudée vire au cauchemar
Chercher à être reconnu ou admiré sur le net peut mal se terminer. En plus des conséquences psychologiques d’avoir envoyé des photos de soi nu, la procédure peut, dans les cas les plus graves et même pour les mineurs, aboutir à une poursuite pénale. Je vous raconte l’histoire d’un cas que j’ai vécu en tant que collaborateur à la prévention.
«Moi? Je ferais jamais ça!». C’est le genre de remarque que j’entends parfois lorsque j’explique le sexting aux élèves dans le cadre des exposés et ateliers relatifs aux médias numériques dans les écoles. La réalité montre que le sexting est un phénomène largement répandu parmi les enfants et les jeunes. Ce terme désigne la production et l’échange d’images érotiques via un service de messagerie. Rares sont les jeunes qui savent que le sexting peut aussi avoir des conséquences pénales.
Un entretien tout sauf anodin
J’ai reçu un jour une demande pour soutenir une classe du secondaire dans une affaire de harcèlement en ligne. Rien d’extraordinaire, une demande comme j’en reçois malheureusement souvent. Comme d’habitude, un premier entretien a eu lieu avec l’adolescente concernée en présence de ses parents. En visionnant les messages et les images sur son téléphone portable, je suis tombé sur des selfies très dénudés dans des poses érotiques.
De cool à dénudée
La limite entre selfies érotiques non punissables et mises en scène pornographiques est souvent mouvante. Le code pénal ne traite pas du sexting. Cependant, si un contenu est considéré comme de la pornographie enfantine, la police se doit d’entamer une poursuite pénale même pour des mineurs.
Le besoin de se mettre en scène est particulièrement élevé chez les jeunes. Que ce soit comme preuve d’amour dans une relation, sous la pression du groupe ou conditionné par les innombrables clips vidéos d’influenceurs. Les raisons sont multiples et pas toujours explicables pour les jeunes avec du recul.
Des images détournées
«Mais je n’ai envoyé cette image qu’à ma meilleure amie». J’entends souvent cette phrase lors de mes exposés ou entretiens. Et lorsque je demande s’ils se présenteraient en public d’une manière aussi osée que sur cette photo, les jeunes me répondent par un non catégorique, comme on peut s’y attendre. Mon expérience montre que de nombreux jeunes ne réfléchissent guère à l’impact ni aux réutilisations possibles de leurs contenus numériques. Les photos qu’une personne souhaitait seulement envoyer à son petit ami ou petite amie peuvent se répandre comme une traînée de poudre sur le net et sont difficilement supprimables Il n’est pas rare qu’au lieu des éléments positifs escomptés, les commentaires haineux, les moqueries, le ridicule et la honte soient les conséquences de ces actions irréfléchies.
Mon système d’alarme
Comment puis-je me protéger? Outre notre jeu pour tester ses connaissances destiné à l’école primaire, je parle volontiers aux élèves de mon application «cellules grises». C’est une application imaginaire illustrée par un cerveau que je leur propose, afin de les inciter de manière ludique à remettre en question leur propre comportement et leur permettre ainsi de mieux se protéger. Marquer une brève pause et réfléchir à ce que l’on va faire et aux conséquences possibles sont 30 secondes très bien investies.
Tout est bien qui finit bien?
Comment s’est terminé mon cas? On a pu finalement renoncer à poursuivre les jeunes adolescents. Ses parents ont décidé de mieux accompagner la jeune fille dans le cadre de son utilisation d’Internet. Ensuite, chose rare, il nous a été possible de faire effacer une partie des images déjà envoyées. De surcroît, j’ai réussi à sensibiliser sa classe dans le cadre d’une formation sur le thème des médias numériques.
Mais mon accompagnement n’est pas toujours autant couronné de succès. Parfois j’y parviens mieux que d’autres. Différents facteurs dépendent de la réussite de chaque cas. Il s’agit notamment de prendre conscience de la nécessité de remettre en question de manière critique son comportement personnel sur Internet et de le corriger si nécessaire. Heureusement, nous avons tous une application imaginaire qui est là pour nous aider. Il suffit de l’activer.
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